Scènes de la vie quotidienne

J'étais cette après midi dans l'autobus quand j'ai assisté sans le vouloir à une scène charmante.
Sur un trottoir deux jolis tourtereaux, bien jeunes, beaux comme la jeunesse rend beau, un visage pur, une chevelure opulente, une poitrine ferme, une taille fine. Lui, grand comme le sont les garçons de cette génèration, une belle bouche, des cheveux chatains, des yeux verts. Un beau couple comme j'aime en regarder, loin de ces images de violence qu'on nous propose, loin de cette vulgarité qui devient le mode de pensée d'une certaine jeunesse des rues.
Enfin, donc, corps contre corps, ils s'abandonnaient l'un à l'autre, se caressaient, se regardaient dans les yeux, jouaient avec leurs mains une symphonie du bonheur. Puis ils se quittèrent là, chacun retournant vers sa vie, ses obligations, ses amis. Et puis voilà, qu'une dernière fois la jeune fille se retourne vers son amoureux qu'une rue maintenant séparait. Elle regarda longtemps dans sa direction en espèrant qu'il se retournat. En vain. Alors elle pressa le pas, décue.
C'est à ce moment là que lui se retourna aussi. Une seconde trop tard. Il resta interdit sur le trottoir, espèrant qu'elle se retournat. Et reprit son pas, solitaire.
Et moi dans mon bus, j'ai souri. Je me suis dit que c'était cela la jeunesse, la beauté, la vie.
Une rencontre, un instant de séparation qu'ils n'avaient souhaité ni l'un ni l'autre, et ce regard de chacun que le temps leur avait volés.